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Un oiseau migrateur : L'HIRONDELLE

Photos : E. DUSCHER - Textes : JM COURTY
Une Hirondelle
S'il est un Oiseau facile à reconnaître, c'est l'Hirondelle (toutefois, ne pas la confondre avec le Martinet). En effet qui n'a pas remarqué cet Oiseau aux longues ailes pointues, à la queue, fourchue - "la queue d'Aronde" - et aux petites pattes faibles? La forme allongée et aéro­dynamique de son corps nous montre bien que cet Oiseau est parfaitement adapté à une vie qui se déroule presque totalement dans l'espace aérien.
Son chant fort discret ressemble plutôt à un simple gazouillis.
Et enfin, comment ne pas connaître cet Oiseau, puisqu'il vit si près de l'homme, qu'il utilise souvent son habitation comme support de son nid!
Rappelons que l'Hirondelle se range dans l'ordre des PASSEREAUX. De plus, comme nous l'étudierons plus loin, c'est un Oiseau migrateur.
Remarquez sur cette photographie la sobre beauté des formes et des couleurs d'une Hirondelle de fenêtres.

Ramassage de matériaux pour construire le nid
Voici deux Hirondelles de fenêtre en train de recueillir de la boue avec leur bec. Cette boue de préférence argileuse sera gâchée avec de la salive et mélée de brins de paille, de petits morceaux de racines. Elle constituera le matériau idéal pour la construction du nid : Un mortier compact qui durcira rapidement à l'air et avec lequel l'Hirondelle maçonnera une coup profonde, bien aplliquée à un mur, dans l'encoignre d'une fenêtre ou contre une pièce de charpente.
Début de la construction du nid
Deux Hirondelles de fenêtre en plein travail de construction du nid.
Les premières coulées de mortier, qui vont faire. adhérer le nid au mur sont en place.
Un incessant va-et-vient du sol au mur va permettre à ces courageux maçons de construire leur habitation.
C'est en avril, à leur retour d'Afrique, que les Hirondelles commencent leur travail de bâtisseuses.
Il est à noter que le nid, territoire de ia reproduction et de l'élevage des jeunes, sera âprement défendu des éventuels agresseurs. Mais l'espace beaucoup plus vaste qui entoure le nid et qui constitue le territoire alimentaire, sera partagé avec d'autres individus. Ceci se traduit parfois par la présence de nombreux nids construits sur le même mur, très proches les uns des autres.

L'Hirondelle sur son nid
Le progrès de la construction est bien visible, ainsi que sa structure : des boulettes de mortier collées les unes aux autres.
L'intérieur sera rendu chaud et douillet par un tapis d'herbes et de plumes.
Bien souvent le nid ne sert qu'une seule année: rares sont les jeunes qui reviennent au nid. Quant aux parents, beaucoup périssent au cours des migrations. Ceux qui reviennent bâtissent le plus souvent un autre nid. Mais il a été observé des cas de retour au nid de l'année précédente il est alors soigneusement. réparé, consolidé, garni à nouveau d'herbe et de duvet pour accueillir convenablement la progéniture .
Signalons que le nid de l'Hirondelle lui est parfois ravi par un autre Passereau bien commun: le Moineau!...

Le mécanisme du vol
Le vol des Oiseaux est très complexe: nous distinguerons le vol plané et le vol ramé.
Le vol plané est un vol sans battements, pour lequel l'Oiseau utilise les courants ascendants tant pour la sustentation que pour le déplacement. Le Martinet se déplace en vol plané au cours de son sommeil, lors des migrations.
Le vol ramé est plus complexe. L'aile prend appui sur l'air comme le ferait une rame. Elle doit faire un double mouvement pour assurer simultanément la sustention et la progression : c'est ainsi que l'extrémité de l'aile Ha main) effectue des mouvements vastes qui font avancer l'Oiseau, alors que le «bras» et «l'avant-bras» effectuent des mouvements beaucoup plus réduits assurant la sustentation.
Ces mouvements sont très complexes, donc très difficiles à analyser; sommairement, on peut distinguer deux temps principaux:
- Au cours du premier temps, l'aile se dirige vers l'avant et vers le bas, et, comme ferait une hélice, prend appui sur l'air et propulse l'Oiseau vers l'avant. (Nos 1 - 2 - 3)
- Au cours du deuxième temps, l'aile se dirige vers le haut et en arrière, en se rapprochant considérablement du corps. (Nos 4 - 5)

Le nourrissage des petits
La femelle pond de quatre à six œufs : ceux-ci ont une forme plus elliptique qu'ovale, les deux extrémités n'ayant pas la disproportion qui existe chez l'œuf de Poule. La configuration et la profondeur du nid sont telles que l'œuf ne risque pas de rouler et tomber à l'extérieur.
La femelle couve ses œufs pendant douze à quatorze jours. Mais quand les petits viennent au monde, ils sont nus et fragiles; si la mère ne les réchauffait pas, ils ne pourraient pas survivre. Les parents pourvoient à l'élevage des jeunes dans le nid: on dit que les oisillons sont nidicoles. Tout au long de la journée, les Hirondelles portent à leurs poussins des quantités considérables d'Insectes de toutes sortes, en particulier de ceux que l'homme qualifie de nuisibles: Mouches, Fourmis, Moustiques, Papillons ... Observez bien les couleurs du gosier et des bords de chaque partie du bec des petits. Ce sont des couleurs vives jaune, orangé; ainsi, même dans l'ombre, les parents sauront où ils doivent déposer la nourriture qu'ils rapportent.

Comment la mère gave un petit
Pour signaler son arrivée, la mère, au cours de l'approche du nid, a émis quelques notes aigües. Les oisillons ont perçu ce signal ainsi que le bruit des ailes, l'ébranlement du nid. Ils ont alors ouvert un large bec qui présente une ouverture égale à la hauteur de la tête, et la mère peut enfoncer, avec son propre bec, dans le gosier des jeunes, les provisions qu'elle a rapportées. Les petits sont extrêmement voraces! Mais le jeune rassasié aura moins de vivacité que ses frères à jeun; il aura donc moins de chance d'être servi au prochain retour des parents. Ainsi semble s'établir bien simplement une équité incontestée dans la distribution des aliments! Les jeunes ingurgitent une énorme quantité de nourriture. Il est vrai que leur croissance consomme beaucoup d'énergie; d'une part, ils étaient d'une extrême faiblesse à la sortie de l'œuf, d'autre part ils vont se constituer une réserve rapidement consommée au moment de l'apprentissage du vol et de la formation finale du plumage et de l'appareil musculaire. C'est au bout de trois semaines que les jeunes Hirondelles commenceront à sortir du nid.

Queue et ailes d'une Hirondelle
Cette photographie nous permet de bien observer l'envergure de l'Hirondelle. Remarquez la longueur de l'aile déployée (plumes comprises). Comparez-la à celle du corps.
L'aile est le membre antérieur des Oiseaux. Le squelette de l'a partie qui correspond à notre main (carpe, métacarpe et phalange) est presque aussi long que celui de «l'avant­bras» (radius-cubitus). On distingue bien ces deux parties sur la photographie. Le "bras» (humérus) est moins visible ici car il est caché par le corps contre lequel il est replié.
Observez bien l'implantation des grandes plumes (des pennes) au bord des ailes (ce sont les rémiges: pensez à «rames») et à l'extrémité de la queue (ce sont les rectrices: pensez à «direction-).
A ces plumes s'ajoutent les plumes de contour (ou tectrices) qui ont un rôle de protection.
Remarquez comme ces plumes se chevauchent et constituent une surface régulière et importante: environ cent quarante cinq centimètres carrés pour urie Hirondelle pesant vingt grammes, soit sept centimètres carrés pour porter un gramme! De plus, si l'Oiseau heurte un obstacle, une branche par exemple, il lui suffit de "lisser» ses plumes avec son bec pour réparer une éventuelle avarie.
Les plumes sont une substance morte, donc non irriguée par le sang; cela représente un gain de poids et d'énergie: une telle surface en mouvement provoquerait d'importantes déperditions de chaleur. Cependant, au cours de la vie de l'Oiseau, ces plumes se renouvellent par une mue annuelle progressive, identique sur chaque aile, ce qui ne déséquilibre pas l'Oiseau et ne diminue pas ses capacités de vol.

Les ailes effilées
Jugez de la longueur de ses ailes! Imaginez un homme dont chaque bras serait plus long que le corps entier!
Pour un Martinet de quarante grammes, les ailes développent une surface d'environ cent quatre-vingts centimètres carrés.
Par ailleurs, le squelette de l'Oiseau, son rythme cardiaque, son système respiratoire et son appareil musculaire (vingt pour cent du poids du corps du Martinet sont représentés par les trois principaux muscles du vol) sont adaptés au déplacement aérien.

Le vol du Martinet (bec ouvert)
Ce Martinet a été photographié en plein vol.
Notez le bec largement ouvert : ainsi tout en voyageant, l'Oiseau peut «gober •• sa nourriture: tous les animalcules en suspension dans l'air, ce qui constitue un véritable plancton aérien.
L'aile du Martinet, (comme celle de l'Hirondelle), longue et effilée, confère à cet Oiseau un vol rapide, la possibilité de battements plus espacés, mais, en contrepartie, des difficultés de sustentation à faible vitesse.
Quelques chiffres:
l'altitude de croisière est:
- pour le Martinet: de l'ordre de mille cinq cents à mille huit cents mètres;
- pour l'Hirondelle: de soixante à quatre-vingts mètres.
La vitesse de croisière:
- du Martinet: voisine de cent kilomètres à l'heure;
- de l'Hirondelle: de cinquante cinq à soixante kilomètres à l'heure.
En période de nourrissage des jeunes, l'Hirondelle de cheminée parcourt plusieurs centaines de kilomètres par jour et le Martinet atteint le millier de kilomètres quotidien ... avec plus de seize heures de vol!
Notons cependant que l'Hirondelle des rochers qui vit dans le Midi méditerranéen n'est pas migratrice.

Rassemblement avant la migration
Dès la fin de juillet et jusqu'à la fin septembre, les Hirondelles commencent à quitter l'Europe, leur aire de reproduction: en effet ces Oiseaux uniquement insectivores, sont tributaires de l'existence, en grande quantité, d'Insectes, donc des conditions météorologiques.
Où vont-elles? principalement en Afrique tropicale, en Afrique du Sud pour les Hirondelles de France, en Inde également pour les Hirondelles de l'Europe centrale.
Le déplacement se fait le jour, le repos la nuit.
L'orientation ... n'est pas encore expliquée avec certitude: mémoire visuelle? certes. Mais pas seulement cette faculté. Orientation sur le soleil? On en est encore dans le domaine de l'investigation expérimentale.
Sur place, les Hirondelles continuent la chasse aux Insectes.
Le retour se fera progressivement au printemps suivant. Les Hirondelles suivront l'isotherme 9°C jusqu'au début avril, puis le dépasseront pour gagner toute l'Europe.
Pourquoi ces migrations? On ne sait pas encore l'expliquer: certes le départ pour l'Afrique peut se justifier par la pénurie alimentaire. Mais alors le retour, I,ui, ne s'explique plus, car les conditions alimentaires des «quartiers d'hiver" demeurent toujours favorables. En tout cas, l'Hirondelle présente le type partait des migrations annuelles : une migration «pré-nuptiale" au mois d'avril, une migration «post-nuptiale" au mois de juillet à septembre, selon les conditions climatiques.

Différentes espèces d'Hirondelles
Voici présentées quatre espèces d'Hirondelles.
De haut en bas et de gauche à droite, nous regardons:
- l'Hirondelle des fenêtres : nous en avons déjà vues plusieurs. C'est elle que l'on trouve très souvent dans les villes. Contrairement aux autres Hirondelles, elle a les pattes nues.
- l'Hirondelle de cheminée: c'est un Oiseau très commun à la campagne.
- l'Hirondelle de rivage, aux couleurs sobres et qui ne construit pas de nid mais creuse une galerie horizontalé dans le sable de la rive.
- l'Hirondelle rousseline, dont la tête rousse semble porter un chapeau bleu ardoise.
En fait, on a reconnu jusqu'alors près de quatre-vingts espèces d'Hirondelles, mais toutes sont très voisines les unes des autres.